Dans nos campagnes…

Ce matin, j’ai croisé une patiente qui avait une vilaine cicatrice de sternotomie datant de 2001.

En plus du côté esthétique, elle se plaint d’une brûlure neurogène particulièrement gênante. Ils ont tout essayé pour calmer cette douleur, même consulter un rebouteux. C’est à ce moment de la conversation que j’ai eu un doute: mais comment s’appellent ces rebouteux qu’on trouve dans chaque campagne et qui ont (ou pas?) le pouvoir d’atténuer les douleurs des brûlures?

J’ai donc posé la question sur twitter et obtenu tout un tas de dénominations qui sentent la terre ancestrale mystérieuse:

  • Coupeur de feu (France et Suisse)

  • Toucheur ou passeur de feu

  • Barreur de feu (dans le Berry)

  • Chasseurs de feu

  • Celui qui enlève le feu

  • Toucheur

  • Panseur

  • Souffleuse de brûlure (Caen et environs)

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Auteur: Luc Viatour

Dans le Dauphiné de mon enfance, mon arrière-grand-mère coupait vite une pomme de terre crue pour l’appliquer sur toute brûlure pour soulager la douleur…

C’était un remède de grand-mère, elle ne pensait pas avoir un don.

18 Replies to “Dans nos campagnes…”

  1. Ah oué mais le coupeur de feu, il peut le faire sans te toucher, parfois rien que par la pensée, pas besoin qu’il soit dans la pièce ! Déjà vu des CH où aux urgences ils ont le numéro du gars en cas de besoin ! Et il ne bouge pas forcément de chez lui…

      1. En tant que rationnelle athée péniblement terre-à-terre, j’ai de la peine à avouer l’avoir vu marcher à distance (par téléphone). Quand j’étais ado, une jeune voisine handicapée mentale s’était brûlée avec un fer à repasser (genre 2e degré léger) et était venue sonner chez nous pour demander de l’aide à ma mère, étant seule chez elle à ce moment-là. Avant de l’emmener chez le médecin, ma mère a téléphoné à une « coupeuse de feu » parente d’une de ses amies. La conversation a été courte :
        — [Explique la situation]
        — …
        Ma mère a pris la main de notre voisine, a attendu un peu le téléphone à l’oreille, et a raccroché sans un mot. La voisine n’avait plus mal.

        Bon, après, elle a bien mis sa Biafine quand même, mais la plaie n’était plus douloureuse.

        Je connaissais un peu la coupeuse de feu, une vieille dame habitant dans un hameau perdu. Elle refusait d’être payée, en argent ou en nature, et même d’être remerciée. Avant de mourir, elle a « transmis le don » à sa fille, le tenant elle-même de sa mère, et à partir de ce moment-là n’a plus exercé. Elle m’avait emmenée chez un charmeur de verrues quand j’étais plus petite (verrues plantaires résistantes au dermato) ; le « rituel » avait comporté un brin de paille faisant le signe de croix au-dessus de la verrue et quelques phrases murmurées. Les verrues étaient tombées huit jours plus tard. Le même charmeur de verrues avait la réputation de « couper le sang », mais ça, je ne l’ai pas vu faire. Lui non plus ne devait être ni remercié ni rémunéré.

        Une fois, j’avais lu une thèse sur le rôle social des coupeurs de feu en milieu rural, c’était super intéressant.

  2. Ton arrière grand-mère ne se faisait pas payer pour ça j’imagine.
    Sinon, pour éteindre le feu, y’a les sapeurs-pompiers aussi … Ok je me tais 😉

  3. Barreur dans l’Est aussi.
    Et le font par téléphone parfois..
    Même vu leur numéro de tèl chez les pompiers.
    N’y croyant pas particulièrement, j’ai déjà soigné une brûlure chez un enfant « barré » (huhu), l’absence de douleur était assez surprenante pour le type de plaie.

  4. et ça marchait le coup de la pomme de terre?
    en Bretagne les soudeurs se soignaient comme ça en cas de « coup d’arc » (ophtalmie après avoir regarder l’arc électrique sans masque),: rondelles de patate crue appliqués sur les yeux.
    j’ai toujours pensé que ce qui marchait c’est que leurs yeux restaient tranquilles á l’abri de la lumière… mais bon, en tous cas ça épargnait du travail aux Zigmund locaux!

  5.  »porteur » dans le bas-sud ouest, près des Pyrénées
    il existe en effet là-bas des personnes qui  »portent » littéralement sur leur dos ( ou font mine de ) les gens atteints de brulures et particulièrement en cas de brulures post-zostériennes ( post-zona quoi ! )
    les Neurologues de ces endroits où j’ai travaillé il y a longtemps n’hésitaient pas à leur confier ces patients sans difficulté, pas regardants sur ces pratiques rurales et atypiques

    ( un peu comme  » l’omelette ventrale » du Dr Ventouse dans les douleurs gastriques )

  6. ma blonde pratique régulièrement en post zostérien et parfois en brulure normal c ‘ est une une peaussière ;je peux aussi!qui chercherait une explication scientifique la trouverait certainement:micromagnétisme/médiateurs inflammation/prolifération cellulaire
    A la différence du rebouteux le coupeur de feu ne se fait pas payer c’est un don à partager invocation tradi de Saint Antoine en terre dévote

  7. Ici, les « porteuses de feu » sont aussi appelées « bruches » (= sorcières). Je ne sais pas si elle font mieux ou moins bien que nous pour le zona, l’EBM ne s’est pas encore penché dessus. Il faudrait faire une étude randomisée en double-aveugle: Margot-de-Trifouillis versus Placebo…

  8. Ici à Annecy les urgences appellent régulièrement le « coupeur de feu ». Le gars fait ça par téléphone… Et il ne doit surtout pas monnayer son don sous peine de le perdre!
    Quoi qu’il en soit, ça mange pas de pain, et si ça évite à certains de boulotter des antalgiques, why not??

  9. Mon grand père s’était brulé le visage dans sa jeunesse. Comme quoi vider un pot de térébenthine dans un poêle, c’est pas une bonne idée. Les sourcils en cendre, tout ça. Et d’après ce qu’il nous racontait: « j’avais tellement mal que si j’avais pu je me serais mis à courir sans arrêter ». Je ne sais pas s’ils ont fait venir le médecin mais ils avaient fait venir la (?) qui était charmeuse de feu. Je ne sais pas ce qu’elle a fait, mais ça aurait marché.
    Moi je demande à voir. Mais en attendant, ça coute moins à la sécu que l’homéopathie :D.

    Le coup des tranches de pomme de terre, c’est pas juste le fait d’appliquer une compresse humide? Un genre de tulle gras Lumière…

  10. Lors d’une précédente discussion sur un blog, on m’avait orienté vers une Thèse récente.
    Disponible sur le site de la BIUM:
    « Place des coupeurs de feu dans la prise en charge
    ambulatoire et hospitalière des brûlures
    en Haute-Savoie en 2007  » de Perret N.
    Travail intéressant et conclusion sur le symbolique particulièrement adapté

  11. Autant tenter si c’est possible, c’est pas cher et peut éviter de grosses douleurs et de grosses dépenses à la Sécu. Et ça n’a aucun effet secondaire, le traitement idéal 🙂

  12. sujet passionnant ! Mais ce qui m’embête c’est qu’il y a encore bon nombre d’anesthésistes pour dire que l’hyperalgésie secondaire « c’est de la connerie »…

    Il faudrait que je fasse un post là dessus

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