Blade Runner 2049

Quel choc, ce Blade Runner 2049…

Par quoi commencer?

D’abord par la critique dithyrambique du NYT qui m’a donné envie de le voir, et de le comparer à celui de 1982, et l’analyse d’une scène du film par Denis Villeneuve.

Ce film est très différent de celui de Ridley Scott, et c’est ma seule critique, il est bien trop lumineux. Pas tant l’ambiance qui reste crépusculaire, mais une fois le film achevé, toutes les cartes de Villeneuve sont abattues. On sait tout, pas besoin de réfléchir bien longtemps, on peut même y discerner une suite, du genre Blade Runner 2049-2, la guerre des Réplicants. Le film de Ridley Scott, lui, reste insondable malgré les années, les multiples visionnages et lectures d’analyses. Pourquoi Gaff fait un origami de licorne en 1982 (une référence au rêve de Deckard qui serait le signe que ce dernier est un Réplicant?)? Personne ne sait. Pourquoi Gaff fait un origami de mouton en 2017? Parce que le roman de Philip K. Dick a pour titre original Do Androids Dream of Electric Sheep? Moins profond, beaucoup moins.

J’ai craché mon venin. Les inventions visuelles de Villeneuve sont époustouflantes, dignes de celles du film de 1982 qui a inspiré par la suite des centaines d’oeuvres, notamment dans la mode. L’hologramme qui partage la vie de l’officier K est époustouflante, ainsi que le dispositif qui permet à Wallace de « voir ». Mais il y en a tellement d’autres: les publicités holographiques, les spinners Peugeot (mouhahaha)…

Le scénario tient la route, ce n’est pas du Besson. On y trouve beaucoup de questionnements subtils sur l’identité, la solitude, la technologie, ce que signifie être parents, l’aliénation, l’avenir d’une terre de plus en plus polluée, les laissés pour compte de la croissance…

Harrison Ford joue et rejoue encore son rôle du vieux-connu-qui-revient-avec-son-sourire-mythique (mais il le fait très bien, je n’aurais pas été étonné qu’il ait prénommé son chien Chewie). Gosling est parfait, les autres aussi.

Les allusions au film de 1982 sont un peu lourdaudes (ça se dit, je viens de vérifier), j’aurais aimé plus de finesse, et aussi que ce film qui a ses propres qualités coupe le cordon ombilical. Mais comme dans la série Star Wars, si 1/3 du film ne rappelle pas les 3 originaux mythiques, on risque de décevoir les fans et de faire moins d’entrées. Devinez quel sera le but du prochain Star Wars? Faire exploser une étoile/station spatiale, bien sûr!

Bref, j’ai adoré, et je pense que je vais le revoir…

Formation sur l’auto-mesure de l’INR

J’ai assisté à la formation de Roche Diagnostics sur l’auto-mesure de l’INR afin que mon centre devienne centre formateur.

Depuis l’arrêté du 28/07/17, faisant suite à l’avis de la HAS du 08/03/16, l’auto-mesure de l’INR est devenu remboursable dans le cadre strict défini par l’arrêté. Pour l’instant, un seul appareil, celui de Roche Diagnostics est concerné, et c’est ce laboratoire qui assure la certification des centres formateurs.

Les patients doivent être porteurs de valve mécanique cardiaque, et avoir été formés et évalués par un centre formateur pour espérer un remboursement. Les enfants bénéficient de ce remboursement depuis 2008.

La formation théorique sur l’anticoagulation avait lieu le matin, la formation pratique sur l’appareil l’après-midi.

Avec plusieurs confrères,  nous avons été un peu chiffonnés par l’orateur du matin qui a notamment pris des libertés avec les conditions de remboursement stipulées dans l’arrêté du 28/07/17, sans que les gens de Roche Diagnostics n’y voient rien à redire. Je suis allé voir les organisateurs après, et ils m’ont expliqué qu’ils ne pouvaient pas corriger un orateur externe. Il travaille pourtant avec eux depuis 10-15 ans, s’appellent par leurs prénoms et il intervient dans le cadre d’une formation Roche Diagnostics. En gros, leur main gauche ne souhaite pas trop savoir ce que fait leur droite. L’impression que nous avons ressentie était assez désagréable. Mais je dois être un peu trop psychorigide…

Hormis cela, la formation était excellente. Nous sommes tous repartis avec un CoaguChek INRange® et des bandelettes, gracieusement fournis par Roche Diagnostics pour assurer nos futures formations.

La corrélation avec l’INR « de référence » semble être très satisfaisante. En cas de variation de plus de 15%, un algorithme décisionnel nous a été proposé. Point fondamental, le patient doit effectuer un contrôle externe de validité de l’auto-mesure en allant se faire faire un INR tous les 6 mois dans son laboratoire habituel. Il doit apporter son appareil au labo et se faire un test dans la foulée de la prise de sang.

Autre point important, l’arrêté stipule bien que le patient communique son INR auto-mesuré à son médecin, et que c’est ce dernier qui détermine la posologie d’anticoagulant. Je pressens des réticences de la part des confrères. Je sais aussi que certains patients qui ont entamé cette démarche s’auto-gèrent. Tout cela ne va pas être simple, mais je  conçois  plutôt cela comme une opportunité de dialogue patient/médecin. À titre purement personnel, et en dehors de mes fonctions de formateur, je ne verrai pas d’inconvénient si mes patients s’auto-gèrent.

Le geste technique est assez simple, et j’ai obtenu mon INR en moins d’une minute du premier coup. Par contre, mon binôme IDE qui a les doigts un peu froids n’a pas réussi à obtenir une goutte de sang « de la taille d’une lentille » nécessaire au test, même après s’être passé les mains sous l’eau chaude. Je pense que certains patients à la peau un peu épaisse auront aussi quelques difficultés. 

L’appareil est simple, ergonomique, fiable, on peut programmer son objectif d’INR, des alarmes de rappel, on peut exporter ses données en format tableur, obtenir des données sur le pourcentage d’INR dans la cible…

Au total, la technique me paraît fiable et robuste, des études (cf. l’avis de la HAS), des décennies d’utilisation en Europe du nord, et chez nous son utilisation chez les enfants l’ont montré.

Son utilisation dans un cadre bien défini dès le début entre tous les intervenants devrait permettre un meilleur investissement du patient dans son suivi, et favoriser le dialogue patient/médecin.

Des hommes honorables

ORATEUR

Au nom des Laboratoires Servier, je vous suis obligé. 

QUATRIÈME CARDIOLOGUE

Que dit-il de Servier?

TROISIÈME CARDIOLOGUE

Il dit qu’au nom de Servier il se reconnaît comme notre obligé à tous.

QUATRIÈME CARDIOLOGUE

Il fera bien de ne pas dire de mal de Servier ici.

PREMIER CARDIOLOGUE

Cette indépendance médicale était un tyran.

TROISIÈME CARDIOLOGUE

Oui, cela est certain : nous sommes bien heureux que notre spécialité en soit délivrée.

SECOND CARDIOLOGUE

Paix : écoutons ce que l’orateur pourra dire.

ORATEUR

Amis, Citoyens, Confrères, prêtez-moi l’oreille. —

Je viens pour inhumer l’indépendance des médecins, non pour la louer. En 2017, huit ans après l’affaire du Mediator®, et le jour même de la validation de la responsabilité des Laboratoires Servier, dont tout le monde sait que ce sont des hommes honorables , ces derniers étaient un « major sponsor » d’un congrès organisé par une société savante de cardiologie. Condamnés et responsables, mais partenaires privilégiés.

Le programme ne devait pas être influencé par ce laboratoire, on nous a bien dit dans le discours d’ouverture que ce n’était que suspicion et mauvais esprit de journalistes. Mais le premier orateur de la première session sponsorisée a cité l’ivabradine, qui n’a aucune actualité récente tangible, dans la première minute de son topo. Ils influencent un programme scientifique, volontairement ou pas, car ce sont des hommes honorables.

Ils se sont fait suspendre du LEEM, syndicat des entreprises du médicaments, puis ils ont claqué la porte de ce très honorable cénacle qui ne compte pourtant pas que des perdreaux de l’année dans ses rangs. Je ne veux pas leur faire tort : j’aime mieux faire tort à la morte, à moi-même, et à vous aussi, que de faire tort à des hommes si honorables.

Un professeur de cardiologie les a jadis accusés d’avoir modifié à l’insu de son plein gré une présentation qu’il a faite devant l’autorité sanitaire, ce qu’ils ont nié, car ce sont des hommes honorables. Ils ont plus récemment demandé des explications à deux sociétés savantes via leur avocat car ce que ces dernières avaient dit de l’affaire du Mediator® ne leur plaisait pas. Ceux qui ont fait cette action sont des hommes honorables. Quels griefs personnels ils ont eu pour la faire, hélas ! je ne le sais pas : ils sont sages et honorables, et sans doute ils auront des raisons à vous donner.

Ce laboratoire évite d’habitude ce genre de mésaventure en écrivant ou donnant son imprimatur avant publication d’articles publiés dans la presse médicale qui reste une source importante de l’information médicale en France. Car ces hommes honorables n’aiment rien plus que la vérité.

Vous avez du plomb, et vous souhaiteriez avoir de l’or? Vous avez une étude négative mais vous souhaiteriez qu’elle soit positive? Pas de problème, ils savent faire, avant d’être pharmaciens, ces hommes honorables étaient alchimistes.

Ces hommes honorables aiment bien aussi financer les publications de notre syndicat, cela s’accorde ton sur ton avec leurs relations avec les sociétés savantes et la presse médicale. Encore à l’heure actuelle ils financent une bourse de l’Académie de Médecine. Ceci probablement pour que cette vénérable institution désigne ces hommes honorables comme exemple pour notre jeunesse. Je me suis laissé entraîner trop loin en parlant de l’Académie de Médecine. Je crains de faire tort à ces hommes honorables dont les poignards ont massacré l’indépendance médicale ; je le crains.

« Les Laboratoires Servier sont essentiellement une maison de recherche qui a pour mission de mettre à disposition des patients et des médecins des solutions thérapeutiques. Depuis plus de 50 ans, nous avons mis sur le marché de nombreuses spécialités issues principalement de notre recherche. »

Depuis 50 ans, le Médiator®, l’Isoméride®, le Pondéral®, le Survector®, le Duxil®, le Vastarel®, le Vectarion®, le Locabiotal®, le Protelos®, ont été retirés du marché par l’autorité sanitaire ou le laboratoire pour effets indésirables graves, et/ou déremboursés pour rapport risque/bénéfice défavorable. Les autres médicaments développés ou commercialisés par le groupe n’ont que des ASMR entre 3 et 5. Mais ils restent un grand laboratoire, car ce sont des hommes honorables.

Ces hommes sont tellement honorables de part leurs grandes actions qui s’étalent depuis des décennies dans le domaine de l’innovation et du soin, qu’envers et contre tout, malgré les humiliations, les rebuffades, l’Académie de Médecine et nos sociétés savantes, celles-là mêmes qui écrivent nos recommandations, leur demandent encore et encore d’être leurs partenaires pour financer des congrès scientifiques, des bourses ou leurs publications.

N’êtes-vous donc pas outragés que la poussière à peine déposée sur leurs actions et les bienfaits que ces hommes honorables déversent sur tous, les innocentent?

PREMIER CARDIOLOGUE

Que dit-il?

QUATRIEME CARDIOLOGUE

Rien d’important, l’argent n’a pas d’odeur.

SECOND CARDIOLOGUE

M’en fiche, je suis anosmique. Qui monte à Paris en janvier?

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Merci à William pour la trame. Tout le reste n’est que fiction.

 

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