Grand moment de classe marseillaise ce matin, à l’Hôpital et grand moment rigolo l’après-midi en consultation.
Vous allez voir, tout tourne autour de la même chose…
Ce matin d’abord.
Un interne de chirurgie viscérale souhaite un doppler en urgence pour un de ses patients. C’est la fin de la vacation, l’aide-soignante lui demande de faire descendre le patient par les externes ou lui même, sans passer par les brancardiers. Appeler les brancardiers revient à reporter le transport de pas mal de temps, certainement au delà de la fin de ma vacation.
L’interne lui répond qu’il ne se gratte pas l’anus depuis le début de la matinée et lui raccroche au nez.
L’aide-soignante est furax et me sort: et moi, je me gratte la pachole? En joignant le geste à la parole.
La grande classe. Et encore, je n’arrive pas à vous transcrire son accent marseillais qui pimente le tout.
Finalement le patient avait bien une phlébite. Le courrier médical m’a fait sourire, il était entièrement écrit en majuscules. Définitivement pas un interne fin et raffiné. Probablement un futur orthopédiste.
D’après le wiktionnaire, la pachole est aussi un filet de pêche en forme de poche, destiné à attraper les petits poissons, d’où sa signification imagée.
A Marseille on utilise un autre terme moins vulgaire pour désigner le sexe féminin: moune ou ses dérivations, mounette voire mouninette. Ces termes peuvent être employés comme surnoms affectueux, curieusement, même pour un homme. J’ai été élevé au rang de ma moune/ma mounette par une aide-soignante dans ma clinique de cœur.
Une consultation dans l’après-midi, un couple de 70-75 ans.
Le monsieur se penche sur mon bureau, son épouse est dans la pièce à côté.
Docteur, c’est normal, mais j’ai des problèmes sexuels? Ce sont les médicaments?
Depuis ma dernière expérience malheureuse avec le désert de Gobi, je n’ose plus trop poser de questions.
Comme je rends compte que je ne vous l’avais pas racontée, voici l’histoire du désert de Gobi.
Il y a quelques mois, un couple, autour de 45 ans, vient me voir car Monsieur est hypertendu. Au cours de la discussion initiale je demande à Monsieur si il a des troubles de l’érection. Il se tortille un peu sur sa chaise, et fini par marmonner que non.
Madame prend alors la parole.
Docteur, vous voyez le désert de Gobi ? Et bien, c’est pareil, y a rien qui bouge.
Un troupeau d’anges gênés passe pendant tout le reste de la consultation…
Revenons au couple de 70-75 ans.
J’allais donc répondre prudemment quand son épouse poussa un retentissant:
Mais non, tu n’as pas de problème, tu es très bien!
Et le mari irréprochable qui continue à s’autoflageller:
Je n’ai jamais été un champion même en étant jeune…
Et son épouse de lui remonter le moral: ça me va très bien, tu t’inquiètes, tes copains te montent le bourrichon, mais tu as toujours réussi…
Bon bien sûr, Docteur, il éjacule plus, ça part en arrière depuis sa prostate, mais c’est pas grave!
Le mari de reprendre: quand ça marchera plus, on arrêtera.
Pris dans la conversation, j’agite mes dix doigts devant la patiente: et il reste toujours les doigts!
La patiente: et bien oui, il y a plein de moyens…
Totalement surréaliste.
J’ai donc écrit au généraliste que je ne voyais pas d’inconvénient à une petite aide chimique…
😉
J’imagine parfaitement la scène, et je la trouve truculente!
Adorable ce couple et la repartie de l’infirmière géniale! Un petit sourire est bon pour la santé dit-on, peut-être pour cela les professionnels de la santé sont rarement malade…
Bonne soirée