Mon Nord-Isère n’a effectivement pas grand chose d’attrayant. Coincé entre une petite ville médiévale et la lourde présence d’une centrale nucléaire, se déroule un paysage de champs caillouteux, de marais, de haies de muriers morts, de villages de pierres mités par des constructions en agglomérés sous un ciel souvent bas. Mais c’est chez moi, ce sont mes racines. Je me suis rendu compte à quel point j’aimais cette région en la quittant puis en y revenant.
Mon enfance est constellée d’échappées belles en vélo le long de chemins dont je frissonnais de ne pas voir la fin. Les bords du Rhône, pourtant pas si loin de la maison, étaient mon horizon. Je testais l’horizon. Jusqu’à où aller?
Maintenant, j’emmène mes fils sur les chemins de mon enfance. La ballade des bords du Rhône est devenue commune. Commune en terme de fréquence, pas en terme d’expérience, car elle restera toujours magique pour moi. La nature est belle, notamment en cette saison. la nature est toujours belle, c’est un truisme. Mais les constructions des hommes sont belles aussi: tel mur de pierres dorées, telle petite chapelle, telle source, tel palis…
Il faut savoir se concentrer sur les détails. Élargir l’horizon n’apporte souvent qu’inquiétude, ça marche aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Au delà de la source, la centrale nucléaire, au delà des murs dorés les murs gris et sales en agglos, au delà des bords de la source, de gros tuyaux en PVC, des sacs en plastique ça et là… Je ne vais pas faire le coup du c’était mieux avant. Dans les années 80-90, c’était pareil, voire même pire.
Le chemin n’est pas idéal, il n’est pas coupé du temps qui passe. Mais il me permet d’aller et venir entre mon enfance et celle de mes garçons.