Quelle est la meilleure option pour un professionnel de santé présent dans les réseaux sociaux: être anonyme ou non?
J’ai été les deux, anonyme entre 2005 et 2010 et à visage découvert depuis.
J’en avais déjà parlé dans cette note en 2011.
Je ne regrette ni ma levée d’anonymat, ni la période d’avant.
J’ai été terrifié quand j’ai jeté le masque, mais il ne s’est strictement rien passé, rien du tout. Pas de rassemblement devant chez moi, le plus souvent que des factures ou de la pub dans ma boite aux lettres, seule nouveauté, parfois des livres!
Rien n’a changé extérieurement, hormis quelques rares demandes de consultations/avis de patients sur ma messagerie, que je refuse toujours poliment.
Des patients me lisent, des confrères avec qui je travaille me lisent, des voisins me lisent, et je n’ai eu que de bons échos. Ils ne sont pas surpris, il n’y a pas de distorsion entre ce que je suis et mon blog. Les gens qui m’apprécient apprécient mon blog (et vice-versa), c’est aussi simple que cela.
Écrire à découvert est très astreignant, j’y reviendrai, mais très agréable. Enfin, on me crédite mes écrits, et on ne m’appelle plus M. Lawrence Passmore dans les endroits où l’on m’invite pour mon blog.
Écrire à découvert ne donne pas plus de respectabilité ou de crédibilité. Personne n’irait dire que Maître Eolas serait plus crédible si son anonymat était levé. Je ne suis pas plus crédible que ne l’était Lawrence Passmore.
Une seule chose change, mais elle est fondamentale. Écrire sous son nom nécessite une discipline de tous les instants pour respecter les règles de déontologie, d’éthique, le devoir de réserve… Écrire sous son nom exclut de raconter des histoires de patients ou de confrères, car il est alors bien trop facile de faire des rapprochements. L’exercice n’est pas facile ; bien qu’expérimenté, j’ai toujours peur de franchir la ligne rouge.
Écrire sous un pseudonyme permet un tout petit peu moins de rigueur. Mais c’est dans ce « un petit peu moins » que réside la pire difficulté de l’exercice. L’anonymat en ligne, d’ailleurs très relatif, ne doit certainement pas permettre d’avoir en ligne un comportement non déontologique, non éthique…
Écrire un blog ou avoir un compte Twitter ne doit pas être un petit secret honteux, comme ce fut longtemps le cas pour moi. Écrire un blog ou avoir un compte Twitter permet surtout d’interagir avec les autres et de progresser. Vous aurez toujours un lecteur plus intelligent que vous, ou tout simplement différent, qui vous montrera une autre façon, peut-être meilleure, de penser ou d’écrire.
Se confronter aux autres est une richesse immense, et il faut considérer comme telle sa présence sur internet. C’est certain que si vous racontez vos beuveries, évitez que tout le service vous lise, surtout si vous comptez y avoir un poste… Mais en dehors de cela, soyez fiers de ce que vous écrivez. Ce blog m’a ouvert des portes et fait connaître des gens, de façon tout à fait inespérée pour un petit cardiologue libéral de province.
À cause de ce blog, je me suis probablement fermé à jamais les portes d’une carrière dans l’industrie pharmaceutique. Tant pis, il ne faut jamais avoir de regret, je crois que je pourrais y survivre.
comme tu le sais j’écris sous pseudo même si je me doute que l’anonymat est forcément relatif / 2 arguments supplémentaires pour l’anonymat ont emporté ma décision : le risque de voir exploser les demandes de RDV sur son blog (surtout en oph) ou les demandes de conseil et un autre risque plus perso : ex dans un billet je raconte que je pars en vacances et que je n’ai pas trouvé de remplaçant : ça équivaut presque à dire : eh les cambrioleurs ! la voie est libre !
je me sens à peine plus libre d’écrire que toi peut être parce que je ne me sens pas complètement couvert par mon pseudo. mes écrits sont forcément modérés pour éviter tout procès, et je suis obligé de ne pas présenter les cas cliniques les plus rares ou intéressants …
Chez Servier en plus !!! Quel dommage. Non, en fait il y a suffisamment de « vailloux » dans leurs rangs 🙂 (blague hein, pure blague, j’aurais peut-être mieux fait de me cacher derrière un pseudo finalement)
Cette question est récurrente dès lors que l’on publie anonymement.
Pour ma part:
– si je suis contactée par des confrères via mon blog, je lève toujours l’anonymat dans ma réponse. (ce n’est pas le cas de Zigmund, dans les échanges que nous avons eu il y a quelques mois, il est resté anonyme!)
– Sur la toile, mon anonymat est de moins en moins perméable. Notamment, pour toutes les activités auprès des associations avec les patients, tous savent qui se cachent derrière mon pseudo, et comme toi, j’ai fait plein de rencontres très enrichissantes.
– par contre, si mes confrères savent que je twitte, aucun n’a eu la curiosité d’aller plus loin. Le blog est en lien pourtant sur linkedin, et aucun de mes amis n’a suivi ce lien. J’ai écrit récemment un post intitulé » les médecins ne sont pas créatifs », mais on pourrait également écrire: les médecins ne sont pas curieux ! . Donc, aucun de mes confrères n’est au courant de cette vie sur la toile. Et ça me va bien. Car on est contraint à un devoir de réserve du fait d’écrire en tant que médecin, mais je pense qu’on l’est encore plus si l’on sait que des collègues de chaque jour lisent.
Aussi, plutôt que de finalement révéler cette seconde vie, je suis intéressée de savoir, finalement, quand et comment cela se saura ! .
Quel dommage de rater une offre d’emploi chez un laboratoire aussi sérieux et respectueux de l’éthique…
Ca reste mon petit secret honteux à moi…
Certains jours je trouve ça triste. Mais j’ai encore besoin de raconter des choses qui nécessitent mon anonymat. Pour le moment.
Tu as le don pour me rappeler régulièrement que j’aimerais parfois lever le voile…
Ça viendra un jour, rien ne presse!