Toutes mes félicitations au CODEEM, l’émanation déontovigilante du LEEM, qui a été mise en place il y a un an.
La déontovigilance était au bord du gouffre il y a un an, depuis, elle a fait un grand pas en avant.
Yves Medina, son président se félicite de son action dans cette vidéo, et Christian Lajoux, à cette date le président du LEEM, en devient presque lyrique dans ce discours.
Bizarrement, cette année faste n’a pas fait rêver la rédaction de l’Usine Nouvelle, un repère de crypto-communistes anti-capitalistes, je le présume. Je vous conseille quand même la lecture de cet article.
Le président du CODEEM y parle de « Brebis plus ou moins galeuses », et de comportements qui paraissent difficiles à faire évoluer:
« Il y a comme partout des brebis plus ou moins galeuses mais globalement la profession a l’air plutôt consciente de ses responsabilités », assure le président du Codeem, Yves Medina, un conseiller honoraire retraité de la Cour des Comptes, ex-associé en charge des questions d’éthique professionnelle chez PWC. « La majorité des laboratoires, peut-être pas tous, a compris la rapidité avec laquelle il faut évoluer sur ces sujets, car les attentes de la société sont désormais très fortes. »
Bizarre, car dans la Vidéo du LEEM, il ne parle pas de tout ça. Il y a deux présidents au CODEEM ou Christian l’avait pas affranchi avant de causer à la presse écrite?
Le discours de Christian Lajoux ne parle pas non plus de tout ça. À l’entendre, l’industrie pharmaceutique avait déjà anticipé la déontovigilance depuis des lustres:
Pour importante qu’elle fut, la création du Codeem ne correspondait pas à une révolution conceptuelle. Nos entreprises n’ont pas découvert soudainement l’intérêt – ou le profit médiatique – qu’elles pouvaient retirer d’une politique volontariste de responsabilisation de ses pratiques.
Pas grave, le CODEEM a donc nettoyé en un an des écuries d’Augias immaculées.
Pas certain, selon les trotskistes d’Usine Nouvelle:
Bilan au bout d’un an, quatre demandes de médiation – entre laboratoires ou association de patients -, dont deux encore en cours d’instruction. Le comité est aussi chargé de sanctionner les manquements aux Dispositions déontologiques professionnelles (DDP), un corpus de réglementations et bonnes pratiques adopté en janvier 2011 par le conseil d’administration du Leem. La section des litiges et des sanctions du Codeem doit pouvoir intervenir, de la mise en garde du laboratoire à la proposition au conseil d’administration de le radier du Leem. Rien de tel pour sa première année. Deux plaintes ont été reçues par le Codeem sans déboucher sur des sanctions, leur véracité n’ayant pu être démontrée.
En novembre 2011, le comité s’était malgré tout emparé du dossier Genopharm, un laboratoire accusé d’avoir commercialisé des médicaments anti-cancéreux périmés, dont l’activité a été suspendue par les autorités sanitaires. « Nous avons proposé de sanctionner Genopharm mais n’avons pas eu le temps de le faire, car il a pris les devants et démissionné du Leem », confie Yves Médina. Son comité en a quand même profité pour inciter le Leem à écarter provisoirement de ses membres un laboratoire suspendu pour des raisons de sécurité sanitaire.
Caramba, encore raté…
Peut-être faut-il encore un peu de temps pour que le CODEEM ouvre ses yeux et ses oreilles:
Le Codeem a encore beaucoup de travail devant lui. D’abord, il doit éduquer aux DDP, connues seulement des grands laboratoires (or les deux tiers des membres du Leem ont un chiffre d’affaires inférieur à 50 millions d’euros) et très peu relayées au sein des entreprises. Il veut également mettre en place un système d’alerte de « déontovigilance » en 2013, pour faire remonter du terrain – associations de patients, ordre des médecins…- des mauvaises pratiques. Et enfin produire une charte des grandes pratiques, pour éclairer les décisions des grands patrons de laboratoires.
Je vais un peu les aider, nous avons finalement le même objectif.
J’ai appris récemment sur Twitter (pas besoin de mettre en place un système d’alerte de « déontovigilance » bien sophistiqué pour suivre le compte Twitter de l’EMA…) que Roche avait des soucis avec l’agence de sécurité sanitaire européenne.
Une sombre histoire de non respect de son obligation de pharmacovigilance. C’est pas un souci éthique et déontologique, ça?
Si les faits sont avérés, sanctionner Roche, comme il en a été question pour Genopharm, sera certainement un geste fort de la part du CODEEM.
Au boulot!