Pour moi, l’art, notamment contemporain est un miroir tenu à bout de bras par l’artiste, et dans lequel nous nous reflétons, ce qui nous permet en retour de… réfléchir. Une œuvre va autant nous enrichir que nous l’enrichissons. Si il n’y a rien à refléter, et bien… on ne voit rien.
L’œuvre vit du regard qu’on lui porte. Elle ne se limite ni à ce qu’elle est ni à celui qui l’a produite, elle est faite aussi de celui qui la regarde. Ma peinture est un espace de questionnement et de méditation où les sens qu’on lui prête peuvent venir se faire et se défaire.
Pierre Soulages
J’ai vu passer récemment deux séries photographiques qui illustrent cela de façon humoristique.
La première, People matching Artworks, est du photographe Stefan Draschan. La seconde est une sorte d’oeuvre collective de gens qui se sont trouvés des jumeaux dans des oeuvres d’art.
Parfois, aussi, c’est le créateur qui ne fait qu’un avec ses créations…
(Source)
Comme le disait Proust : l’artiste nous sert à voir le monde d’une autre façon ou de nous en montrer des endroits inconnus.
D’autant mieux que ce n’est pas son propos, si j’ose dire.
Ça doit lui échapper.
L’artiste est celui qui nous montre du doigt une parcelle du monde (Jean-Marie-Gustave Le Clézio)
Comme c’est étrange ce miroir qui est tenu à bout de bras. C’est exactement ce qui se passe dans une consultation médicale quand le médecin ne disparait pas derrière le technicien, son indispensable associé.
Le flirt classique entre les médecins et les peintres ( Van Gogh et le dr Gachet, Soulages et le dr Guy Genon généraliste parisien des années 1950) n’est pas un hasard…