J’ai tweeté quelques photos sur ma visite du musée Soulages à Rodez, mais j’ai voulu faire une note pour rassembler les photos et un peu parler du musée.
Cela faisait quelques années que je voulais visiter ce musée, mais il faut bien le dire, Rodez est un peu loin de tout et il n’est pas si simple d’y organiser un séjour. Je vous refile le tuyau que l’on m’a donné sur twitter, n’hésitez pas à séjourner à La Ferme de Bourran à Rodez. Le quartier autour est assez peu avenant mais la chambre, l’accueil et le petit-déjeuner furent formidables. En plus c’est à 15-20 minutes du musée, à pied.
Le musée, regroupe la plus grande collection au monde d’œuvres de Pierre Soulages, qui a participé à sa création et sa dotation. Le peintre du noir m’a toujours un peu questionné, d’autant plus que les reproductions de ses œuvres, même dans les plus luxueux des catalogues, me semblent totalement non réfléchissantes. Pour moi, l’art, notamment contemporain est un miroir tenu à bout de bras par l’artiste, et dans lequel nous nous reflétons, ce qui nous permet en retour de… réfléchir. Une œuvre va autant nous enrichir que nous l’enrichissons. Si il n’y a rien à refléter, et bien… on ne voit rien.
L’œuvre vit du regard qu’on lui porte. Elle ne se limite ni à ce qu’elle est ni à celui qui l’a produite, elle est faite aussi de celui qui la regarde. Ma peinture est un espace de questionnement et de méditation où les sens qu’on lui prête peuvent venir se faire et se défaire.
Pierre Soulages
Reproduire une œuvre de Soulages, notamment en la prenant de face et dans une lumière neutre et diffuse, comme dans tout catalogue ou bouquin d’art, n’a strictement aucun sens. Je me suis donc longtemps demandé si l’œuvre de Soulages était, comme assez souvent en art contemporain (il faut bien le dire) un vaste foutage de gueule habillé de commentaires aussi pompeux que vides de sens, ou méritait tout le bien que l’on en dit.
J’aime beaucoup l’architecture extérieure et intérieure du musée, et surtout le fait que les œuvres balayent toute la carrière ce ce peintre. Nous voyons sa quête artistique, presque année après année. Soulages n’aurait jamais pu travailler pour Desigual, même à ses débuts, mais il a utilisé d’autres couleurs que le noir dans ses œuvres (et oui!). Il a un peu touché à tout: lithographie, eau forte, peinture sur toile, vitraux… La valeur de ses œuvres se mesure aussi sur ces sept décennies de travail. Certes, je peux aussi « faire du Soulages » avec ma cuillère et un reflet de lumière du jour dans un petit pot de crème au chocolat La Laitière, mais aucun travail personnel n’y apporte sa plus-value. Les vitraux de Conques peuvent paraître « banals », mais il a fallu 800 essais à Soulages et son équipe de verriers avant de trouver le bon mélange permettant les subtiles variations de coloration au fil de la journée et des saisons.
La lumière et ses reflets sont fondamentaux dans les tableaux de la série Outrenoir. Il faut donc « tourner » autour des œuvres pour les voir changer en fonction de l’orientation de la source lumineuse.
Le plus surprenant est de voir des zones parfaitement blanches, reflets de lumière, au milieu d’œuvres parfaitement noires par ailleurs.
Je ne regrette absolument pas ma visite. A partir du 10 juin, le musée va héberger 90 pièces de/sur Picasso, cela devrait être un motif supplémentaire de visiter Rodez ;-).
Pour en savoir plus: le catalogue de l’expo Soulages au Centre Pompidou.