Dans le cadre de mon activité de ce contrôle d’aptitude à la SNCF (pourvu que la suppressions des « facilités de circulation » reste encore longtemps un serpent de mer…), je vois des agents pour juger si ils sont aptes ou non à exercer leur fonction. Ce sont des gens plutôt jeunes, et dans leur immense majorité sans aucun antécédent. Ils n’ont donc que rarement eu à faire à un professionnel de santé. D’ailleurs, peu d’entre eux connaissent leur tension artérielle habituelle.
Les femmes sont très minoritaires chez les agents SNCF qui nécessitent un certificat d’aptitude.
Je vois récemment une jeune femme.
L’agent suivant, pas beaucoup plus âgé qu’elle, rentre dans la salle, me cligne de l’œil et me dit que j’ai eu de la chance d’examiner une telle beauté.
Ah oui, bon? Vous auriez aimé être à ma place?
Bien sûr!
Je lui ai alors expliqué qu’examiner quelqu’un n’a rien de sensuel/sexuel. La systématisation du corps humain au cours des études de médecine et l’habitude clinique rendent asexuée la consultation médicale.
Cela s’apprend avec le reste. Tout étudiant en médecine/soignant en formation en a fait l’expérience devant l’intimité de ses premiers patients. La gène intense du début (qui en général gène le patient par effet de contre-transfert) disparaît quand l’examen clinique devient une habitude.
Autre gros écueil, qui survient plus tard, on passe toujours de Charybde en Scylla, cette habitude ne doit pas non plus se traduire par le mépris de l’intimité du patient.
Comme je l’ai dit, la sexualisation de la relation médecin/patient est pour moi un grand interdit. Mais je me garderais bien de juger les autres.
Par ailleurs, rien de sensuel dans l’examen clinique. Avez-vous déjà essayé « d’examiner » votre partenaire au cours d’un moment intime, parce que votre instinct de médecin a brièvement repris le dessus en repérant une particularité? Rien de mieux pour tuer l’ambiance.
Vers la fin de la consultation, j’ai suggéré au jeune homme d’engager la conversation avec la demoiselle en question qui, comme les autres, devait attendre sagement d’autres résultats en salle d’attente.
Ben oui, j’ai déjà commencé à lui parler!
Trop mignon.
En sortant de ma salle en fin de vacation, je l’ai regardée et c’est vrai qu’elle était plutôt jolie.
Et l’autre grand couillon était assis à l’autre extrémité de la pièce.
Juste pour savoir… Réservé aux professionnels de santé (étudiants compris). Fin de la période de sondage dans 7 jours. Bien sûr, c’est totalement anonyme, je ne vois aucune de vos données de connexion.
P.S.
Dzb 17 a très élégamment abordé ce sujet dans ce poème.
En te lisant, je gardais à l’esprit que tu es cardiologue ! ..
Ce sujet est particulièrement présent dans ma spécialité, la gastro, et ce que tu dis est remarquable: a force de désexualiser l’examen, il ne faut pas oublier qu’on pénètre dans une zone d’intimité et que c’est une épreuve pour nombre de patients. Ce qui m’a conduit à faire tous les examens proctologiques allongés sur le côté, et plus jamais à 4 pattes.
Et d’ailleurs, c’est marrant pour un cardio, que tu aies illustré ton article par le pelvis, tu es plus généralement en contact avec des seins, non ?
Carrément oui! Je n’ai pas trouvé de belle illustration de sein, et on voit des seins partout dans notre vie quotidienne. La région pelvienne reste encore taboue.
tu pourrais aussi demander aux lecteurs patients, avez-vous (eu) ou tenté d’avoir une relation intime avec un de vos médecins ? 😛
Connaissez-vous la planche de Claire Brétécher dans Dr Bobologue, qui décrit exactement ça ? Sauf que c’est la secrétaire du Dr Bobologue qui lui fait la remarque. Une planche presque sans parole, absolument parfaite !
Nan, vous l’avez?
http://www.bdmedicales.com/descriptif/docteurventouse.htm, p.44 de l’édition complète.
Merci!