Encore une histoire de marathon, je ne m’en lasse toujours pas (à défaut des rares lecteurs résiduels qui pensaient trouver des histoires de médecine).


J’ai couru le Run in Lyon hier et je me suis rendu compte à quel point j’avais mal jugé cette course durant toutes ces années. Le tracé est somptueux, varié et il fait découvrir la plus belle ville du monde. Hier il faisait beau, la lumière était incroyable et la ville était parée de ses couleurs d’automne. Il y avait des entrainements d’aviron sur la Saône, et la vie était belle pour une fois. Seul bémol pour ceux qui aiment courir tout le long dans une ambiance Tour de France, on est souvent seul avec soi même. Si vous aimez les encouragements incessants de la foule qui vous hurle que vous êtes le meilleur, Londres est fait pour vous. Moi, courir dans un bel environnement dans le silence, ça me va , aussi.

D’un point de vue course, j’ai commencé à souffrir au km 24, et 42.195-24, ça fait beaucoup. Les derniers km ont à la fois été horribles et très agréables pour une autre raison.

En fait, je ne pensais pas courir un marathon en fin d’année. Je me suis entrainé pour le Marseille-Cassis, 20km et du dénivelé. Mais il y a 2 mois, j’ai gagné un dossard, et j’ai changé mon entraînement. Je n’ai pas non plus été assez rigoureux, et assidu, et ça ne pardonne pas pour ces distances. Je ne me cherche pas des excuses, en fait le chrono a perdu de son importance pour laisser place au plaisir de la course. Je ne tire aucun plaisir de la souffrance des derniers km. Ce n’est pas le point. Le point, c’est de s’entraîner pour faire quelque chose que l’on n’est pas certain de pouvoir faire. C’est de partir excité car l’épreuve me dépasse, et que l’assommante certitude du quotidien n’a pas de place dans ces moments. Les derniers km sont difficiles, quand on y est, on ne pense qu’à une seule chose, la ligne d’arrivée. Par contre, après, ces km représentent à la fois un motif de réelle fierté après des mois de préparation. Si le marathon n’était pas difficile, et bien, il n’aurait tout simplement aucun intérêt.
On apprend à chaque course. Hier j’ai appris qu’un marathon, c’était long (je le savais, quand même!) et qu’on pouvait passer par tout un tas de niveaux de forme et d’états émotionnels. Je ne l’avais pas autant remarqué lors des précédents. Parfois ça allait, parfois non, parfois j’avais envie de voir ce qu’il y avait derrière le tournant, parfois j’avais envie d’enlever mon dossard et d’arrêter. C’est comme la vie, en somme. Il y a des hauts, des bas, mais il faut tout faire pour passer la ligne d’arrivée. Je suis assez content de moi d’avoir traversé les mauvais moments, d’avoir tenu le coup et profité des bons.
Faire un marathon, c’est aussi de partager un moment de communion avec les autres coureurs. C’est enfin se découvrir et découvrir les autres.
Je ne veux pas non plus dire que seul le marathon vaut la peine d’être couru, et que seule la souffrance a de la valeur. J’ai pris énormément de plaisir à courir la Morat-Fribourg de cette année. 17.17 km, pas de défaillance, pas de souffrance, une grande fierté de l’avoir courue, beaucoup, beaucoup, beaucoup de plaisir, tout simplement, sans introspection douloureuse. Elle a presque détrôné mon premier Marseille-Cassis dans mon cœur, c’est dire. Je ferai probablement une note dessus, car il y a beaucoup à dire. Mais jusqu’à maintenant, j’étais focalisé sur Lyon.
Comme je l’ai lu récemment, « Running is more than a sport or a form of exercise, a passion or a pastime. It’s about identity« . C’est très vrai et très faux à la fois. L’article oppose un peu le fait de pratiquer une course très lente à ce qui motiverait la communauté des coureurs. Il existe bien une communauté de coureurs, on se repère facilement et on parle immédiatement de course dans n’importe quelle langue et on se comprend. Mais si la « communauté » a des expériences, des valeurs communes, ce que la course nous fait reste fondamentalement individuel. Chacun court comme il veut, pour les bénéfices qu’il souhaite et pour les raisons qui lui sont propres. Courir à une allure de 4, 6 ou de 12, n’a strictement aucune importance du moment ou cela apporte un bénéfice psychologique, ou physique à celui qui court. Marcher apporte aussi un bénéfice indéniable. Alors oui, la course est une identité, mais pas une altérité par rapport à l’autre (coureur ou marcheur).
C’est la première fois que je pars quasiment sans eau, et ça c’est très bien passé. J’ai quand même pris de la poudre pour reconstituer de la boisson isotonique en route et je pense que je vais faire comme ça dorénavant.
J’ai couplé, comme souvent course et sortie expo. Je suis allé voir « le » Caillebotte qui est actuellement en prêt au Musée des Beaux-Arts. J’ai redécouvert que le Musée avait 2 Francis Bacon. Et évidemment, j’ai profité de son merveilleux jardin. J’ai aussi fait un peu de tourisme.
Après la course, j’ai pu profiter de mon hôtel décadent et de son bar donnant sur Bellecour. Après l’effort, le réconfort.









