L’ANSM vient de publier le bilan de 5 ans d’appels à projets de recherches concernant la sécurité d’emploi des produits de santé. Cette initiative est née en 2012 dans le climat très lourd qui a suivi le séisme Mediator®.
Depuis le début j’ai la chance d’être une toute petite pierre de l’édifice. Je ne sais pas si j’ai apporté grand chose, en tout cas j’ai beaucoup appris. J’ai aussi rencontré des gens passionnants et passionnés, qui se dévouent pour le service public.
L’idée était de promouvoir la recherche dans un domaine trop souvent laissé pour compte, celui de la sécurité des médicaments et des dispositifs médicaux.
Les ambitions initiales étaient à la hauteur de la honte due à l’affaire Mediator®, 9.574.653€ pour être précis, puis, le temps passant, des dizaines de scandales sanitaires, vrais ou faux (chaque aspirant-lanceur d’alerte voulant le sien bien à soi), étant passés sous les ponts, la dotation a fondu comme l’effet d’un médicament Servier après une analyse critique d’article.
C’est dommage, car les sujets proposés par les promoteurs des projets sont dans leur grande majorité pertinents. Mais la faiblesse du financement proposé ne permet le plus souvent que de mettre sur pied une étude qui ne répondra qu’imparfaitement à la question posée. Difficile, en effet, de faire une étude randomisée même mono-centrique avec 110.000€, parfois 200.000 ou 300.000 en cas de co-financement avec un autre organisme. La méthodologie des projets proposés est assez régulièrement une étude cas-témoins sur la base SNIIRAM. Difficile dans ce cas d’avoir un contrôle parfait des biais, et donc d’apporter une réponse au problème posé autre que « une étude randomisé serait nécessaire afin de confirmer les résultats… ».
Malgré tout, les projets primés donnent lieu à de nombreuses communications (204 sur 5 ans) et de nombreuses publications dans des revues à comité de lecture (100 sur 5 ans). Je remarque notamment un article dans le très prestigieux Circulation (F. Perros, et al. , Mitomycin-Induced Pulmonary Veno-Occlusive Disease: Evidence From Human Disease and Animal Models. Circulation 132, 834-847 (2015); DOI 10.1161/circulationaha.115.014207).
J’espère que le budget de l’ANSM permettra de poursuivre ces appels à projets. J’espère aussi que leur dotation va cesser de diminuer. Il est quand même préjudiciable pour la sécurité sanitaire que le budget recherche qui lui est consacré diminue avec la honte du scandale qui l’a engendré.