Hunting Tim Hunt

Tim Hunt, 72 ans, prix Nobel de Médecine 2001, a « été démissionné » de son poste  à l’University College London et à l’European Research Council  dans les suites de remarques inappropriées faites au cours d’une conférence de presse à Séoul.

Hunt had been invited to the world conference of science journalists in Seoul and had been asked to speak at a meeting about women in science. His brief remarks contained 39 words that have subsequently come to haunt him. “Let me tell you about my trouble with girls. Three things happen when they are in the lab. You fall in love with them, they fall in love with you, and when you criticise them, they cry,” he told delegates. “I stood up and went mad,” he admits. “I was very nervous and a bit confused but, yes, I made those remarks – which were inexcusable – but I made them in a totally jocular, ironic way. There was some polite applause and that was it, I thought. I thought everything was OK. No one accused me of being a sexist pig.”

(Source).

Après avoir été révélées sur Twitter, ces remarques ont déclenché une avalanche de tweets moqueurs, souvent très drôles avec le hashtag #distractinglysexy. D’autres tweets se sont aussi ouvertement félicités que Tim Hunt, ait été sanctionné.

Tim Hunt et son épouse ont fait part de leur accablement au Guardian qui a donc publié l’article dont j’ai mis le lien un peu plus haut.

L’épouse de Tim Hunt se dit féministe dans l’article, pourtant elle soutient son mari. Est-ce que cette traîtresse à la cause ne mériterait pas non plus un bon procès populaire sur internet, genre #treacherousfeminist ? A-t-on écouté Tim Hunt avant de le juger et de le condamner, je n’en suis pas certain. A-t-il déjà eu des paroles ou des actes déplacés, par le passé? Je ne suis pas certain que les procureurs sociaux se soient même posé la question.

Il a très largement mérité que ses consœurs chercheuses se moquent de sa bêtise avec #distractinglysexy, mais certainement pas son renvoi ou que certains s’en réjouissent.

Cet homme de 72 ans a connu une époque ou l’on pouvait raconter des idioties en public, par bêtise, par manque d’à propos, par humour déplacé, ou sous l’effet de l’alcool (ou autre), sans risquer le tribunal populaire et l’autocritique en place publique. Des excuses suffisaient à l’époque. Cette époque est bien révolue, la sanction est immédiatement exécutée sous la pression de la meute.

Méfiez-vous dès à présent de ce que vous dites en public, mais aussi dans un cercle semi-privé, voire privé. Il n’est pas dit que quelqu’un ne vous envoie au pilori d’un simple tweet. Que celui qui n’a jamais rien dit de politiquement incorrect jette la première pierre à Tim Hunt.

Nous vivons de plus en plus dans un monde parfait, très politiquement correct, où tous les déviants seront sanctionnés par la justice populaire.  Pas de procédure contradictoire, tolérance zéro, bienvenue dans le meilleur des mondes.

Ce n’est même pas de l’anticipation.

I met a man who, in early 2013, had been sitting at a conference for tech developers in Santa Clara, Calif., when a stupid joke popped into his head. It was about the attachments for computers and mobile devices that are commonly called dongles. He murmured the joke to his friend sitting next to him, he told me. “It was so bad, I don’t remember the exact words,” he said. “Something about a fictitious piece of hardware that has a really big dongle, a ridiculous dongle. . . . It wasn’t even conversation-level volume.”

Moments later, he half-noticed when a woman one row in front of them stood up, turned around and took a photograph. He thought she was taking a crowd shot, so he looked straight ahead, trying to avoid ruining her picture. It’s a little painful to look at the photograph now, knowing what was coming.

The woman had, in fact, overheard the joke. She considered it to be emblematic of the gender imbalance that plagues the tech industry and the toxic, male-dominated corporate culture that arises from it. She tweeted the picture to her 9,209 followers with the caption: “Not cool. Jokes about . . . ‘big’ dongles right behind me.” Ten minutes later, he and his friend were taken into a quiet room at the conference and asked to explain themselves. A day later, his boss called him into his office, and he was fired.

(Source)

La peur panique de l’employeur de ce développeur, comme de celui de Tim Hunt  d’un moderne « qu’en dira-t-on », démultiplié par l’effet de meute des réseaux sociaux a provoqué une réaction en chaîne qui me paraît totalement disproportionnée avec la faute initiale.

C’est très ironique, car les inflexibles gardiens de l’ordre moral d’aujourd’hui sont souvent les déviants d’hier.

Je ne sais pas pour vous, mais les tweets de #distractinglysexy me font beaucoup moins rire depuis que j’ai lu l’article du Guardian et que j’ai vu la photo du très humain Tim Hunt.

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