La nième controverse récente sur les génériques m’a rappelé une histoire que j’ai voulu enterrer. Malgré tout, tel Houdini, elle sort régulièrement du sac clos dans lequel je l’avais ligotée. En fait, elle sortait presque chaque fois que j’écrivais une note. Le temps a passé, je ne grimace plus quand elle me regarde dans les yeux et je crois que lui consacrer une note est le meilleur moyen de l’exorciser.
Il y a deux ans, j’ai écrit une note en réaction à un texte écrit par un grand Professeur sur les génériques, publié sur un site internet, du type magazines féminins à grands tirages.
Il critiquait les génériques en énonçant comme des vérités des faits qui me paraissaient très discutables.
J’ai assoupli mes dix doigts et j’ai écrit une note vitriolée.
Quelques mois plus tard, je reçois un courrier de son CDOM me faisant part de ses griefs qu’il avait initialement adressé à une de ses connaissances au CNOM. Le courrier proposait une médiation.
Il se disait diffamé et regrettait de ne pas avoir eu un droit de réponse puisque je ne l’avais pas prévenu de ma note.
Par contre, aucune critique sur le fond scientifique.
Je fus surpris et atterré, jusqu’à ce que je relise cette note que j’avais oubliée. Après, j’ai été vraiment honteux. J’ai demandé conseil aux deux personnes que je considère comme mes pères spirituels sur la toile, et j’ai modifié la forme de ma note. J’ai supprimé tout ce qui pouvait blesser, en gardant le fond. J’ai écrit à la « victime » et à son CDOM, et les choses en sont restées là.
J’ai mis du temps à m’en remettre, ce qui est très paradoxal. Mais j’ai intégré cette histoire.
Je ne souhaite pas être à la pointe d’un combat que je ne pourrai soutenir, n’ayant aucune idéologie bien ferme. Heureusement, il existe des idéologues agissants, j’éprouve beaucoup de respect pour eux, mais je suis bien incapable de faire comme eux. À la limite, vis à vis des autres, avoir raison ou tort n’a pas d’importance.
Ensuite, il faut bien le dire, ma note ré-écrite était bien meilleure, débarrassée de ses scories sentant le soufre, qui en obscurcissaient le message.
Évidemment, je me suis ensuite beaucoup censuré. Mais c’est un mal pour un bien. L’exercice est plus compliqué, mais plus subtil et plus fin. Mettre en lumière les contradictions/compromissions de l’autre (médecin ou non, individu ou groupe d’individus…) de façon claire, afin de permettre à tous de pouvoir se faire son opinion me paraît être l’idéal. Le mieux serait même que je ne donne aucune opinion. Ça tombe bien, je n’en ai pas beaucoup.
C’est beaucoup moins rigolo, il faut aussi être plus objectif en faisant sortir les points positifs de l’argumentaire de l’autre, mais l’exercice me plaît bien. J’espère qu’il vous plaît aussi, même si depuis quelques mois ce blog est en quasi friche…
On m’avait aussi remis en question peu de temps avant cette histoire, à l’époque où j’écrivais sous pseudonyme. Je m’étais moqué (c’était l’histoire du sceau HON trafiqué sur un site ayant de très hautes ambitions et se disant totalement en phase avec le monde de la HAS…), et on m’avait demandé qui j’étais.
À la suite de cela, j’avais quitté mon anonymat, ce que je n’ai jamais regretté.
Enfin, plus récemment, les rôles se sont exactement inversés par rapport à la première histoire. J’ai ressenti la note en cause comme une profonde injustice, et je ne l’ai toujours pas digérée. Les dauphinois/lyonnais sont rancuniers, c’est un de mes nombreux défauts, j’assume. Là aussi, j’ai mis du temps à mettre en lumière quelque chose de bon. Je me suis retrouvé à la place du grand Professeur, et j’ai mieux compris sa frustration, son sentiment d’injustice. Qui est cette personne qui me juge et me prête des sentiments/actions alors qu’elle ne me connait pas autrement qu’à travers un écran d’ordinateur? Même à l’échelle du hanneton, mes griefs sont à l’échelle de l’infinitésimal.
Néanmoins grrrrrrrrrrr.
Tout cela pour énoncer des truismes que j’ai quand même eu du mal à intégrer, malgré ma longue présence sur la toile:
On apprend qu’en se confrontant aux autres.
Un argumentaire clair se suffit à lui-même.
La moquerie est un art difficile. Du sublime au ridicule, il n’y a qu’un pas disait Napoléon.
Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse.