Visite de la Fondation Carmignac

Un article du journal Le Monde m’a appris que l’homme d’affaires Édouard Carmignac avait ouvert au public une splendide collection d’art dans sa propriété de Porquerolles.

(Portrait d’ Édouard Carmignac par Basquiat)

Coupler plage, ballade sous les eucalyptus et art contemporain m’a semblé être une bonne idée.

J’ai donc réservé une visite guidée sur le site de la Fondation Carmignac . Je ne sais pas quelle sera l’affluence du site cet été, mais la Fondation limite le nombre de visiteurs à 50 par demi-heure afin d’optimiser la découverte des œuvres, donc à mon avis, il n’est pas inutile de réserver.

L’accueil est très atypique, puisqu’il se fait littéralement au bord du chemin. Nous sommes accueillis avec une boisson rafraîchissante (eau citronnée avec une pointe de menthe) et le personnel est très agréable. La visite des jardins est rendue un peu chaotique car de larges espaces sont encore chantier et les œuvres ne sont pas particulièrement mises en valeur.

Nous nous sommes retrouvés un moment au milieu des engins de chantier au bout d’un chemin. Avec le temps, j’imagine que tout sera balisé, aplani et rendu net.

Le bâtiment de la Fondation est une magnifique propriété à la fois imposante et discrète. Les espaces d’exposition sont superbes, et le fameux bassin qui sert de puits de lumière est une réussite esthétique. Le prix à payer pour ce puits de lumière est la chaleur un peu pesante qui règne dans la pièce à l’aplomb.

Autant en finir tout de suite, tout était très bien, sauf la guide qui était vraiment pas top. On aurait dit qu’elle venait juste de lire les articles de Wikipédia sur Lichtenstein, Basquiat et Wharhol et qu’elle essayait de s’en rappeler. Juste avant de commencer la visite, elle nous a fait remarquer qu’il était très difficile de maintenir les groupes compacts. Je n’ai pas trop compris sa remarque, car en général, le visiteur d’une expo qui a fait la démarche de choisir une visite guidée est plutôt grégaire. Puis, en milieu de visite j’ai compris pourquoi, et nous avons fait comme d’autres, en poursuivant seuls.

La collection est magnifique, l’agencement des salles est homogène et met en valeur les œuvres. Je ne suis pas fan, mais il y a plusieurs espaces dédiés au photojournalisme (là, il paraît que la guide était incollable). La profusion de  grands artistes est étourdissante.

J’ai aussi découvert le travail hyperréaliste de Tony Matelli, qui dans la série Weed représente en bronze peint des herbes banales, avec une absolue perfection . Voir cette plante sortir d’un coin de mur dans cette ambiance sobre, minérale et aseptisée a quelque chose de magique.

La visite se fait pied nus. Et là gros moment de gène, car j’avais les pieds couverts de petits bouts rectangulaires d’algues séchées. J’ai donc laissé de petits tas d’algues devant un Basquiat, un Botticelli, un Warhol, un Lichtenstein, un autre Basquiat…

Je ne me suis rendu compte qu’après la visite que des lingettes étaient à disposition pour se nettoyer les pieds avant de descendre voir les œuvres.

(Maurizio Cattelan)

Le concept de rentrer en communion avec la terre et les œuvres est un peu bobo de gauche, mais marcher sur la pierre fraîche après avoir traversé le jardin et ses labours écrasés par le soleil est délicieux. 

(Keith Haring)

(Alexander Calder)

La collection complète rassemble environ 300 œuvres, et nous n’en avons vu que 80… Une rotation sera donc organisée afin de pouvoir l’admirer dans son ensemble. Par ailleurs certaines œuvres (un Lichtenstein un Botticelli et peut-être un Keith Harring) sont prêtées. Ceci  présage donc de retrouver un plaisir sans cesse renouvelé dans la visite de cette belle Fondation.

Je n’avais jamais vu de Basquiat en vrai, hormis une série de piss paintings, lors d’une expo au MAC de Lyon, mais j’étais resté pisse-froid…

Comme je suis imperméable à son travail malgré l’engouement qui l’entoure, je me suis dit que voir une oeuvre en vrai allait peut-être me bouleverser. Ceci a presque été la motivation principale de ma visite à la fondation, tant les oeuvres de Basquiat sont rares dans les collections publiques européennes. Je ne sais toujours pas si l’empereur est nu, en tout cas, je ne ressens toujours rien devant un Basquiat. 

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