Le réseau

J’ai oublié de vous raconter une histoire assez étonnante qui m’est arrivée il y a quelques semaines.

La belle-fille d’un patient de la clinique me contacte sur mon DECT pour discuter de la sortie proche.

Jusque là, rien d’inhabituel.

Puis elle me demande si je suis « Grange Blanche ».

Devant mon étonnement, elle me raconte que c’est son BlackBerry (et oui, il y en a encore quelques-uns en fonctionnement…) qui a mouchardé.

Alors qu’elle renseignait sur son téléphone mon nom et numéro de DECT, son appareil lui proposait obstinément mon compte twitter qu’elle suit depuis pas mal de temps.

Nous avons ensuite un peu échangé en DM puis en IRL à la sortie de son beau-père. 

Rigolo, non?

J’ai l’avantage de ne pas avoir à cacher mon identité de blogueur/twitter et de ne pas avoir honte de ce que je fais sur internet. J’ai trois patients sur mon compte Facebook que je n’utilise que pour diffuser les notes de ce blog. Sur Twitter, je ne sais pas, et cela m’importe peu, car tout est transparent pour moi.

Par contre, cette histoire est à prendre en compte pour ceux qui souhaitent maintenir une frontière imperméable entre leur activité sur internet et dans la vraie vie. L’interconnexion automatique des différents réseaux (WordPress/Twitter/Facebook/Linkedin/Viadeo…) que font tous nos téléphones intelligents/tablettes/Mac/PC peut être à double tranchant.

Par le passé, j’ai eu quelques surprises en regardant ma liste de contacts et en retrouvant des patronymes/situations professionnelles dont je n’avais jamais entendu parler.

En fait, il s’agissait de blogueurs/twitters dont je ne connaissais que le pseudo.

Je me suis dit au moins une fois que l’institution qui employait un de mes contacts ne devrait absolument pas faire le lien entre sa vie IRL et sur la toile…

Merci à la suiveuse sur Twitter, qui se reconnaîtra, pour avoir partagé une excellente discussion, et tous mes voeux pour la santé de son beau-père.

La disparition

Je viens juste de recevoir le supplément ESC 2014 de la revue du SNSMCV, « Le Cardiologue ».

couverture le cardiologue

Évidement, je me suis jeté dessus pour savoir ce qu’il fallait retenir de cette ESC.

En fait, je me suis surtout jeté dessus pour savoir ce que la revue disait de l’étude SIGNIFY.

Détail important, depuis au moins 2010 (je n’ai pas d’accès avant), cette revue publie des suppléments spéciaux sur le congrès annuel de l’ESC, réalisés avec le soutien des laboratoires Servier. 

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À chaque fois, l’ivabradine est bien mise en vedette, alors même qu’aucune étude originale la concernant est présentée au congrès (je ne parle pas des méta-analyses, études post-hoc…).

Par exemple ce numéro du 3 septembre 2013 est assez représentatif puisqu’il va chercher deux posters et un abstract (!!) pour pouvoir parler de l’ivabradine sur trois paragraphes avant la pièce de résistance qui remet encore une couche sur l’importance d’avoir une fréquence cardiaque basse grâce à l’ivabradine.

2014 étant a priori une année capitale pour l’ivabradine avec SIGNIFY, j’ai pensé juste avant l’ESC que « Le Cardiologue » et Servier allaient nous faire un orgasme.

Mais SIGNIFY a été un échec (en tout cas jusqu’à la prochaine analyse post-hoc positive).

Je me suis alors demandé comment allait être présentée la chose.

Première surprise , Servier n’est plus partenaire de ce supplément qui n’est d’ailleurs plus quotidien.

Deuxième surprise, de taille, celle-là, ce spécial « Best-of » ne mentionne même pas SIGNIFY:

sommaireEn novembre 2013, un des auteurs du supplément ESC de la revue « Le Cardiologue » est donc arrivé à écrire un paragraphe  entier sur un poster (favorable) étudiant l’effet de l’ivabradine sur des paramètres échographiques et la capacité à l’effort de 30 (je dis bien trente) patients porteurs d’insuffisance cardiaque à fonction systolique préservée (poster 3324).

En septembre 2014, le même auteur n’est pas arrivé à écrire un seul mot sur une étude de morbi-mortalité randomisée multicentrique de 19102 patients parue dans le NEJM,  défavorable à l’ivabradine.

Je suis perplexe.

Mais l’auteur devait s’attendre à ma surprise, car il en parle dans son édito:

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Notez que je ne fais pas de reproche, je suis perplexe.

Imaginons  que j’ai eu l’idée saugrenue de ne confier ma FMC qu’à la revue « le Cardiologue ».

Je sais, c’est fou, mais imaginons.

Et bien , je ne saurais même pas que SIGNIFY a été publiée et je continuerais à prescrire larga manu de l’ivabradine à mes patients car ça a bien marché sur le TRIV de 30 patients en insuffisance cardiaque diastolique.

pour mémoire

« …dont l’objectif est de fournir des informations sur l’état actuel de la recherche… »

Mouhahahahahahahaha…

Je me répète, mais l’ivabradine, c’est magique.

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