Vox clamantis in deserto.

Benoit, du blog CISMeF m’a fait découvrir dans sa dernière note un rapport de l’Institut National de Santé Publique du Québec sur les nouvelles Technologies de l’information et de la Communication (TIC). Ce texte de 65 pages comporte notamment une petite enquête bien instructive, notamment  sur la familiarité des médecins omnipraticiens avec les TIC.

Cent trente cinq médecins ont répondu à cette étude: 45.9% ont entre 45 et 55 ans,15.5% moins de quarante ans, 98.5% ont un accès internet à la maison (94.8% au travail), à haut débit dans 68% des cas.

Zéro pourcent des médecins déclarent ne pas savoir naviguer sur internet, 63.7% déclarent le maîtriser très bien.

Maintenant, si l’on s’intéresse aux blogs et aux wikis, on rentre résolument en terra incognita.

68.9% des médecins ne connaissent pas ou ne maîtrisent pas l’exploration des blogs, 14.1% peu, 8.9% moyennement et 7.4% très bien.

81.5% des médecins ne connaissent pas ou ne maîtrisent pas l’administration d’un blog, 8.9% peu, 5.2% moyennement et 3.7% très bien (5 sur 135, tu as répondu à ce questionnaire, Québomed? ;-)).

Pour les wikis, c’est presque pire (voir page 50).

Conclusion?

Nous, lecteurs et/ou administrateurs de blogs sommes bien une infime minorité parmi nos pairs. D’autant plus que cette étude considère les blogs dans leur ensemble et pas forcément les blogs médicaux ou paramédicaux. Si ça se trouve, les répondants ne connaissent que les blogs de Jean Charrest et Céline Dion…

C’est certes une évidence, quand on y songe un peu, mais on arrive parfois à l’oublier, pris que nous sommes dans le réseau social formé par nos blogs et aussi par leur relatif pouvoir d’attraction pour les médias. Pouvoir d’attraction dont l’origine est uniquement leur appartenance à l’ensemble bien plus vaste que le web 2.0.

Les blogs médicaux et para médicaux, combien de divisions?

A peine une compagnie!

D’un autre côté, je pense qu’aucun parmi nous n’a envie d’avoir de l’influence sur ses pairs. Je vois la blogosphère médicale comme bien plus centrée sur elle-même que la « High-tech », pour ne citer qu’elle. Nous exposons chacun nos expériences souvent professionnelles, parfois personnelles, pour des tas de bonnes raisons, mais sans volonté de gagner du pouvoir ou de l’influence. Le reflet de cela est que nous nous entendons tous très bien. Depuis 2005, je n’ai jamais entendu parler de polémique opposant un tel à un tel, alors que cela est quasiment quotidien dans les blogs « High-Tech » et horaire dans les blogs politiques.

De plus, peu parmi nous ont une vocation « utilitaire » dans le cadre de nos professions, contrairement au fora, et surtout aux communautés de médecins qui poussent comme des champignons. Quelles sont les raisons qui poussent un médecin non blogueur à lire un blog ? A mon avis, aucune professionnelle. Je vois plutôt cela comme une navigation de détente, entre deux patients ou deux recherches Pubmed.

Crier dans le désert ne me gène pas, encore moins ne pas avoir d’influence, au contraire. Le plaisir d’écrire et de dialoguer via les commentaires ou même ailleurs avec des lecteurs reste mon seul plaisir. Tout le reste n’est que vanité.

Tiens, en parlant de vanité, on m’a demandé d’animer en compagnie d’un tas d’autres personnes une conférence sur « web 2: vos nouveaux outils de travail collaboratif » au cours du prochain MEDEC qui se tiendra en mars 2009.

😉

D’ou le début de réflexion qui a conduit à la rédaction de ce billet.

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